NEWS : DROIT DE REPONSE
Interview / Droit de réponse du lundi 7 mars dans la Nouvelle Gazette du Centre
Emmanuel Lambion, ex-directeur CGII à La Louvière : « Un licenciement abusif et…troublant »
Emmanuel Lambion souhaite faire entendre sa voix. Il s’insurge contre les motivations de son licenciement avancées par la députée Leslie Leoni dans nos colonnes. Il s’estime victime de harcèlement, avec diffusion de propos inexacts, mensongers, compromettant la suite de sa carrière.
Nommé en juin 2020 au poste de directeur du Centre de la Gravure et de l’Image Imprimée de La Louvière (CGII), Emmanuel Lambion a été poussé vers la porte de sortie par le conseil d’administration le 31 août 2021. Il n’aura exercé cette fonction que durant 15 mois avant que l’on mette fin à son contrat. Dans une interview, la présidente du CA, ex-échevine de la Culture louviéroise et députée Leslie Leoni (PS) avait justifié cette éviction par des problèmes « scientifiques, budgétaires, organisationnels et relationnels ». Interrogé sur la situation, Emmanuel Lambion avait préféré à l’époque s’abstenir de tout commentaire. Aujourd’hui, l’ancien directeur entend rétablir sa vérité et retrouver un « honneur bafoué ».
Visiblement, en ce qui vous concerne, la page n’est pas tournée ?
Effectivement, mon syndicat et moi-même estimons ce licenciement déraisonnable et abusif. Il y aura une suite devant le tribunal du travail. Par ailleurs, ce bashing harcelant et répété dans plusieurs médias d’un licenciement n’était pas nécessaire en particulier avec des déclarations fausses et inexactes pour lesquelles l’avocat de Madame Leoni fait aujourd’hui des rétractations. Notamment alors qu’elle affirmait dans une interview à La Nouvelle Gazette que 10 personnes sur 21 étaient sous certificat de maladie par ma faute, son avocat parle désormais de 7. Les autres soi-disants motivations avancées par Madame Leoni ne sont en outre pas détaillées.
Sept personnes, c’est quand même beaucoup, ne trouvez-vous pas ?
Sur ces sept personnes, qui ont pu être malades à différents moments en août, moi-même j’ai été malade, mon assistante a pris des jours pour déménager, une autre personne se remettait d’une opération de dents de sagesse, une autre avait avancé son congé de maternité pour une suspicion d’AVC etc. En fait, il y a eu quatre interpellations, dont trois de ces personnes se sont mises en arrêt maladie, donc au final trois sur 21. Parmi ces quatre membres du personnel, il y a une personne qui s’est mise en arrêt maladie en mars suite à un avertissement que je lui avais envoyé parce qu’elle se refusait d’effectuer des tâches qui lui incombaient. D’ailleurs, cette personne n’est pas revenue, à ma connaissance, après mon départ, elle a essayé de renouer avec ses collègues, sans suite. Une autre s’est, elle, mise en arrêt maladie en juillet, suite à l’émergence de zones d’ombre sur le traitement de sa mission. Une troisième avait des soucis par rapport à la ligne que je développais au Centre. Et quant à la quatrième, elle a continué à travailler et vient d’avoir une promotion au Centre de la Gravure.
Apparemment, vous n’étiez pas le premier candidat choisi pour ce poste de directeur au CGII.
J’ai passé des interviews en novembre 2019, il y avait cinq ou six candidats. Le choix s’est focalisé entre deux candidats, le Français Paul Ripoche et moi-même. J’ai présenté mon programme, mais c’est Monsieur Ripoche qui avait été choisi à l’époque à une voix de différence au conseil d’administration du CCII. Je souligne que Madame Leoni était, en tant qu’échevine de la Culture, membre du CA à l’époque, mais pas encore présidente et qu’elle avait voté contre moi. En février 2020, l’ancienne directrice du musée me recontacte en me disant que la personne choisie s’était retirée. Elle me dit : « Si tu es toujours intéressé par la place, on ne rouvre pas d’appel à candidature et la place est pour toi, vu que le choix s’était fait à une voix de différence ». À l’époque j’étais directeur adjoint à l’Académie des Beaux-arts à Bruxelles. Après réflexion, j’ai accepté et pris mes fonctions en juin 2020.
Comment était la situation au sein du musée à l’époque ?
J’ai découvert à mon arrivée quelques petits conflits en interne. L’assistante principale de l’ancienne directrice était en burn out depuis 1,5 an, elle était remplacée par une personne qui est donc devenue mon assistante. Je découvre également une situation financière difficile suite à une décision prise fin 2019 par la Ville de ne plus payer les frais énergétiques de l’institution, six mois avant mon arrivée. Cette décision fut prise sous l’échevinat de la Culture de Madame Leoni de retirer les 70.000€ par an de frais de fonctionnement énergétique, alors que les 15.000 œuvres en papier nécessitent de maintenir une hygrométrie stricte. Donc, je reprenais les rênes d’une institution qui, potentiellement, n’avait plus de budget de fonctionnement. Heureusement, comme elle avait été bien gérée, on avait encore certaines économies pour poursuivre la programmation pendant quelque temps.
Dans la justification de votre licenciement, Leslie Leoni vous reprochait d’abord des problèmes financiers.
Incroyable, elle argue de motifs financiers alors qu’elle a enlevé le budget de fonctionnement du Centre de la Gravure. C’est tout autant interpellant que j’ai fait rentrer 100.000€ de subsides additionnels, dont 50 000 via des aides liées à la pandémie d’une part, et d’autre part, 50.000€ via l’Appel ‘Un futur pour la culture’.
J’avais en outre demandé en décembre 2020 à la FWB des subsides supplémentaires pour près de 100.000€, dont 35.000€ pour donner des honoraires aux artistes invités et 70.000 € pour deux mi-temps afin de renforcer la visibilité de la collection existante. Sur ce point, la commission patrimoine avait rendu un avis de statu quo des subsides et la ministre a finalement suivi cette décision. Hasard ou pas, son courrier est arrivé après mon licenciement. Si j’avais été en poste, et je l’avais dit au CA, j’aurais fait appel pour plusieurs motifs : D’abord, la commission ne prenait pas en compte que le CGII a une mission de soutien à la création soutenait la création au même titre que le musée Kéramis à La Louvière ou le Musée de la Photo à Charleroi. Ensuite, j’aurai rappelé l’engagement de la Ministre à promouvoir de bonnes pratiques de rémunération pour les artistes. Enfin, j’aurai souligné que Kéramis avait, lui, reçu en juin 2021 220.000 € de subsides en plus, dépassant le CGII, alors que Kéramis, c’était à l’époque 5 équivalents temps plein (et qu’ils en visaient huit / douze dans leur plan quinquennal), tandis qu’au CGII, on était 15,8 équivalents temps plein avec une collection encore plus grande…
Second reproche : le relationnel, y avait-il vraiment des tensions avec l’équipe ?
Tous les jours, je venais à La Louvière avec le sourire, comme évoqué, il y avait juste trois personnes qui avaient du mal à s’adapter à mon arrivée et formaient un noyau de résistance, mais j’avais des rapports cordiaux et amicaux avec la majorité du personnel. D’ailleurs, pour justifier mon licenciement auprès de l’équipe, le CA a évoqué essentiellement des problèmes financiers. Et je sais aussi que Madame Leoni était venue au Centre en mon absence en juillet pour interroger en vain le personnel à mon sujet.
Et pour les motifs organisationnels et scientifiques ?
Des reproches infondés ! Au niveau organisationnel, en un an de Covid, on a fait quand même pas mal de projets, on a refait l’identité du CGII, un nouveau site internet, organisé une expédition d’ampleur internationale, attiré des nouveaux publics. Pour la partie scientifique, on m’a reproché d’être trop tourné vers le contemporain et que je n’avais pas une politique de défense de la collection. J’avais pourtant un programme parfaitement équilibré que la Centre de la gravure a d’ailleurs maintenu, tout en enlevant au passage mon nom des expositions dont j’ai la paternité. Je voulais aussi développer des expositions virtuelles par rapport à la collection.
Comment s’est passé votre licenciement ?
De façon organisée, sans respecter le droit à la défense ou les possibilités de conciliation, et sans mise en garde en tout cas. On m’a d’abord convoqué un 23 juillet 2021 - après les interpellations - à un premier CA. Au téléphone, Leslie Leoni me dit de ne pas m’inquiéter, qu’on allait trouver des solutions. À peine arrivé, je me suis retrouvé face à un tribunal avec un réquisitoire en plus de 20 points. Je me défends point par point.
Le 16 août, mon assistante interpelle le CA et demande à être entendue car elle a été témoin de discussions en interne, qui démontraient qu’ils s’agissait d’un mouvement préparé et voulait témoigner d’autres agissements confinant à la faute grave, mais elle ne sera pas entendue.
Le 23 août, je rencontre Leslie qui me rassure en me disant qu’elle a entendu les interpellants et que je ne suis pas le premier directeur à avoir des difficultés avec certains membres du personnel. Là, on ne parlait pas du tout de licenciement. Le 25 août, une de mes collaboratrices déclare à l’un des administrateurs et à Madame Leoni que l’équipe s’inquiète et leur demande si un licenciement est à l’ordre du jour, ils ont tous les deux répondu par la négative…
Pour ma part, cette rencontre avec le CA le 23 juillet avait été si violente que j’envisageais de déposer une plainte pour harcèlement (non communication des pv et des résumés des interpellations, injonctions contradictoires, pressions pour annuler mes vacances en août…), je ne l’ai pas fait car j’avais eu cet élément rassurant de ma collaboratrice. Le 31 août, j’avais décidé de demander de manière formelle que l’ensemble de l’équipe soit entendu par un médiateur externe, ce que le CA ne pouvait refuser. Trois heures après, cela n’a pas traîné, j’étais licencié, mes accès internet et PC coupés et il a fallu que le syndicat intervienne pour que je puisse vider mon bureau deux mois plus tard. Dégoûtée, mon assistante s’est alors mise aussi en arrêt maladie et a fini par donner sa démission.
Quel est votre état d’esprit aujourd’hui ?
Ce licenciement est totalement abusif, on m’a fait passer pour un bourreau, on essaie de briser ma carrière par des déclarations mensongères dans la presse, sans respect de la confidentialité. Les motifs ne sont pas étayés, ce sont des calomnies. Or, aujourd’hui, quand on cherche un emploi, on est vite googlisé et mes futurs éventuels employeurs tombent sur ces calomnies. Leslie Leoni, qui se réclame du respect des droits des travailleurs, agit à l’encontre de ses beaux principes en s’épanchant ainsi dans la presse, avec intention de nuire. Je tiens à rétablir la vérité. Pour moi et pour éviter que cela se reproduise.
Avec du recul, je suis aussi interpellé par les déclarations faites par Mme LEONI lors de la nomination de mon successeur Christophe Veys, son ami et collègue à Arts2. Dans un post facebook daté du 9 février, elle déclare à propos de cette nouvelle nomination : « Plus de six mois, que je rêve de partager cette publication, nous y voilà… » J’ai été licencié 5 mois et 9 jours avant ce post - plus de six mois auparavant, mes ennuis commençaient…Troublant, non ?

Comme vous le savez, j’ai quitté la Direction du Centre de la Gravure et de l’Image imprimée de la Fédération Wallonie-Bruxelles depuis le 1er septembre 2021 dernier.
En 15 mois de collaboration, nous avons eu l’occasion d’élaborer et soumettre un nouveau plan quinquennal, de réaliser un nouveau site web, de changer l’identité graphique du Centre, de gérer et / ou concevoir 3 expositions (dont l’une d’envergure internationale avec 61 artistes et un catalogue de 288 pages), de développer de nouveaux partenariats, comme d’obtenir des subsides additionnels pour un montant de plus de 10% du budget de l’institution.
Ce texte est plus précisément écrit en réponse aux propos divulgués par Mme LEONI sur différents supports presse (Nouvelle Gazette) du Groupe Sud-Presse, sur Antenne Centre et aussi répercutés de façon plus succincte par La Libre Belgique, pour justifier mon licenciement.
Je souhaite ici faire entendre ma voix, en exposant des éléments factuels par rapports aux motivations vagues « financières, scientifiques, organisationnelles et relationnelles » avancées par Mme LEONI dans la presse locale, qui ne sont d’ailleurs détaillées ni argumentées ni dans la presse, ni dans les documents sociaux relatifs à mon licenciement (lettre de résiliation, C4).
Pour ma part, je les conteste formellement : Par leur caractère gratuit et réitéré, ils assument un caractère de harcèlement diffamatoire et de calomnie, visant à me nuire et portant préjudice de façon directe à la poursuite de ma carrière. Ils cachent tout simplement l’absence de fondement et l’instrumentalisation de ce licenciement, qui a été qualifié par mon organisation syndicale de « manifestement déraisonnable et d’abusif ».
Plus généralement, il est utile de préciser que j’ai été nommé à la direction en mars 2020, sur base d’un programme bien défini, que j’ai mis en application dès mon entrée en fonction en juin 2020.
La procédure de sélection avait eu lieu en novembre 2019. Le choix du CA s’était d’ailleurs porté initialement, à une voix près, sur un autre candidat, qui, quelques mois après, en février 2020, avait déclaré forfait. Je note que Mme LEONI, alors simple administratrice, avait voté pour ce candidat.
C’est fin février 2020 que Mme Catherine de Braekeleer, ancienne directrice du Centre, et M. Jean Degré, ancien Président du Centre, m’ont recontacté pour savoir si j’étais toujours intéressé à accepter la place.
J’ai donc été engagé en connaissance de cause, c’est-à-dire du programme que je souhaitais porter avec et pour le CGII.
Avec le recul, je m’interroge maintenant si la défection de l’autre candidat n’était pas liée au contexte financier particulier (cf. ci-dessous) dans laquelle la Ville de la Louvière, sous l’échevinat de Mme LEONI, avait mis le Centre.
Contexte financier :
Je suis rentré en fonction juin 2020 en pleine crise sanitaire.
Un défi de taille était amené par le fait qu’environ 6 mois avant ma nomination, le CGII avait perdu une partie essentielle de son budget de fonctionnement : La Ville de la Louvière avait en effet décidé d’arrêter le paiement de la facture de gaz et électricité du Centre, soit un montant d’environ 70 000 euro par an correspondant au budget opérationnel des expositions (recettes - dépenses).
En d’autres termes, la programmation des prochaines années allait se faire sur le fond de réserve de l’institution, avec l’approbation explicite du CA.
Je note que Madame Leslie LEONI, actuelle présidente du C.A., était, au moment de la suspension de ce soutien, Echevine de la Culture de la Ville de la Louvière et, de façon accessoire, administratrice au Centre de la Gravure.
Sa nomination à la Présidence du Centre est intervenue plus tard, lors de ma prise de fonction. Cette décision pouvait sembler paradoxale, dans la mesure où cette nomination pouvait la placer dans une situation de conflits d’intérêt, en tant que mandataire de la Ville de la Louvière qui venait d’enlever au CGII un montant équivalent à son budget opérationnel, et Présidente d’une asbl qui devait reconquérir sa stabilité financière.
Par-delà sa réputation de solidité apparente et son rayonnement, le CGII se retrouvait dans une situation qui, à terme, allait être particulièrement fragile, nécessitait de trouver des refinancements et de changer de stratégie.
Dès mon entrée en fonction, j’ai réitéré des démarches auprès de la Ville afin d’expliquer la situation délicate où se trouvait le Centre. Le soutien de Mme LEONI dans cette démarche, alors encore Echevine, a été marginal.
Par ailleurs, dans le cadre du plan quinquennal de renouvellement de conventionnement avec la
Fédération Wallonie-Bruxelles, nous avions demandé une augmentation de subsides d’environ
100 000 euro, orientée à la fois dans une optique de renforcement du pôle scientifique et que dans celui d’une politique de soutien à la jeune création en offrant des fees, fussent-ils symboliques (200 euros) aux jeunes créateurs invités. La réponse officielle de la Ministre par rapport à cette demande ne nous était d’ailleurs pas encore parvenue lors de mon éviction du Centre fin août 2020. Eût-elle été dans le sens d’un statu quo de nos subsides, elle aurait pu donner lieu à un appel.
Par ailleurs, ces derniers mois j’ai obtenu plus de 100 000 de subsides / aides complémentaires, dont 50 000 dans le cadre de l’appel Un Futur pour la Culture, lancé par la Fédération Wallonie Bruxelles avec le projet de résidence virtuelles www.eeeelll.com, un projet dont je conserve par convention la paternité intellectuelle.
A ce montant, se sont ajoutées des aides compensatoires des manques à gagner liés au COVID. Une autre demande était en cours auprès de la Région Wallonne, dont la réponse aurait dû tomber fin septembre 2021, c.a.d. après mon éviction.
Je note enfin que dans le courrier expliquant à ma demande des motifs concrets du licenciement, il est argué que j’avais prévu « des frais complémentaires engagés pour les artistes lors de l’exposition « Bye Blue His Story » (sic), alors qu’ils ont été rémunérés ».
Outre le fait que ces frais de production étaient budgétisés dans un budget approuvé par la CA, que cette politique était inscrite dans un plan quinquennal également présenté et approuvé par le CA, la remarque est pour le moins confondante dans le chef d’une députée fédérale qui s’emploie à participer à une commission examinant le statut des artistes et la juste rémunération de ces derniers au sein de notre parlement fédéral !
Je note enfin qu’entretemps, l’ensemble des artistes de Bye Bye His-Story n’ont pas tous reçu les 200 euros de fees très symboliques qui avaient été budgétisés.
Contexte relationnel
Dans la Nouvelle Gazette du 3 septembre 2021, Mme LEONI se répand sur les difficultés relationnelles avec le personnel, suggérant que mon management aurait provoqué la maladie de 10 personnes sur 21 !
Ce sont des insinuations incorrectes et calomnieuses, profondément choquantes, peu respectueuses en outre de l’ensemble du personnel du Centre qui a continué à travailler de façon constructive dans les circonstances difficiles créées par la crise sanitaire. Je tiens encore à souligner leur implication et le plaisir que j’ai eu à travailler avec l’ensemble de l’équipe et leur exprimer ma reconnaissance.
Le contexte créé par des absences organisées et les manoeuvres de déstabilisation du CA ont rendu le contexte de travail plus difficile cet été.
Pour être précis, le CA a reçu et / ou sollicité 4 interpellations entre le 10 et le 17 juillet dernier, émanant de membres de l’équipe, qui, de l’aveu même de la Présidente, s’étaient concertés.
Si 3 de ces personnes étaient sous certificats en juillet 2021, l’une n’a jamais cessé de travailler. L’une de ces 3 personnes, dont la productivité et l’esprit collaboratif étaient problématiques depuis mon entrée en fonction, s’est mise sous certificat en mars 2019 suite à un avertissement que je lui avais adressé après des retards répétés, réitérés, dans la remise de textes et documents qui devaient nous permettre de finaliser certains objectifs, notamment le bouclage du nouveau site du CGII. Une autre personne s’est, elle, mise en maladie début juillet 2021, peu après qu’aient émergé des zones d’ombre dans la gestion de sa propre lettre de mission, dont elle avait la responsabilité. L’absence de la troisième personne est, elle, en grande partie liée à des éléments personnels, combinés probablement aussi à des difficultés d’adhérer pour des raisons personnelles et confessionnelles à la ligne de décloisonnement et d’ouverture que je mettais en place dans ma programmation.
Une 5e interpellation a été par contre adressée au CA le 16/8 par un membre du personnel apportant un tout autre éclairage des faits, en ma faveur, qui n’a pas fait, elle, l’objet d’une audition. Elle témoignait de façon explicite du fait que la situation des interpellations était un mouvement concerté, qui se préparait dans le chef de deux/trois personnes au moins depuis décembre 2020, ainsi que et informait le CA des zones d’ombres relatives à la gestion de la lettre de mission sus-mentionnée. La Présidente s’est contentée de lui proposer un rendez-vous à la seule date où cette personne s’était déclarée indisponible.
Contextes organisationnels et scientifiques :
En ce qui concerne l’organisationnel, il suffit de considérer les résultats concrets des projets menés à bien pendant ces 15 mois, grevés de plus par la crise sanitaire que nous connaissons (3 expositions dont l’une d’envergure internationale avec 61 artistes et un catalogue de 288 pages), de nouveaux partenariats engagés, mais aussi la refonte du site internet et la nouvelle charte graphique pour attester suffisamment de capacités d’organisation et de mobilisation de l’équipe et de l’engagement de cette dernière, que je tiens encore à remercier.
Pour reprendre le terme de « scientifique » sous l’angle du rapport à la collection, je pense aussi que les reproches sous-entendus par Mme LEONI ne sont pas justifiés.
L’engagement d’une nouvelle responsable des collections en février a permis de rattraper en quelques mois le retard d’encodage préalable à ma nomination (qui entraînait d’ailleurs des plaintes de donataires), tant au niveau de la collection qu’à celui du centre de documentation.
Le nouveau site permettra une meilleure visibilité de la collection, lorsque la digitalisation et numérisation de la collection seront poursuivies. Il s’agit d’une opération en cours.
Le site permettra en outre de nouvelles façons de valoriser la collection via un plugin kunstmatrix qui permettra de monter des expositions virtuelles en ligne.
Par ailleurs, le développement d’expositions « collection » (cf supra ) renouvelées et rafraîchissant le répertoire d’expositions (Surréalisme, Cobra, Alechinsky…) qui circulaient ces dernières années, était une des missions données à la conservatrice et à la curatrice adjointe.
A cela s’ajoutait l’intégration d’oeuvres de la collection dans les projets collectifs et monographiques à venir.
Au niveau des achats, j’ai veillé à équilibrer les achats d’oeuvres en soutien à la jeune création des formes contemporaines de rapport à l’image imprimée avec l’achat d’oeuvres plus traditionnelles.
Le rythme des donations s’est poursuivi avec une belle régularité : 390 oeuvres ont rejoint la collection du CGII en provenance de différents donateurs privés.
Et le prêt d’oeuvres de la collection pour des projets montés par institutions partenaires a été encouragé (cf. Exposition Sorcières au Vanderborght organisée par ULB culture actuellement en cours).
Les projets en cours et / ou qui doivent s’ouvrir dans les prochains mois et que le CA du CGII s’efforce de poursuivre et mener à bien sont de ma conception et témoignent autant de la variété de la programmation qui était mise en place que du caractère injustifié d’un reproche de distance par rapport à la collection qui m’a été adressé.
Au delà de ces éléments de réponse faits par rapport aux supposés motifs (financiers, organisationnels, relationnels et scientifiques) avancés par Mme LEONI dans la presse pour justifier la décision du CA, il est important de se pencher sur la façon dont le CA et la Présidence ont, en un mois et une semaine, en pleine période de vacances, décidé de traiter les interpellations de 4 membres du personnel (après les avoir encouragées).
Le déroulé des faits pose question par la violence insidieuse et les partis pris dont elle témoigne et semble aux antipodes du respect des travailleurs, de tous les travailleurs, des principes d’équité et de dialogue dont se réclame Mme. LEONI, en se référant notamment à des valeurs idéologiques.
Que ce soit à mon encontre, ou encore de l’équipe qui a continué à travailler pendant ces mois estivaux.
L’affaire a été bouclée en deux réunions de CA, à un mois de distance, sans que mes éléments de réponse, étayés par une note de 16 pages (avec 68 pages d’annexes), n’aient été pris en considération, ou que des témoignages d’autres travailleurs voire une interpellation au CA en ma faveur n’aient été entendus ou pris en compte.
Le tout dans une atmosphère d’opacité, de non-transmission des éléments qui m’auraient permis de me défendre (résumé des interpellations, pv de CA), de non-réponse sélective aux courriels, avec des injonctions contradictoires pour la gestion du CGII, des pressions implicites faites pour l’annulation de mes congés. Sans même parler même d’allusions déplacées et discriminatoires par rapport à mon orientation sexuelle.
Tout cela m’a amené à consulter le CESI.
A plusieurs reprises, en juillet et en août, j’ai demandé que soient entendus l’ensemble des membres de l’équipe et ai réitéré mon ouverture pour un dialogue équitable pour l’ensemble de l’équipe avec le CA.
Le 25/8, une membre de l’équipe a été en contact avec un Administrateur et la Présidente qui ont tenu à rassurer l’équipe, en prétendant qu’aucun licenciement n’était à l’ordre du jour.
Pour finir, j’ai adressé le 31/8, avant mon licenciement, une demande d’analyse de risques afin de formaliser ma demande que l’ensemble de l’équipe soit entendue par un conseiller en prévention externe, objectif et neutre. Mon licenciement a suivi deux heures après.
Cela se passe de commentaires.
Les vexations se sont poursuivies depuis la résiliation du contrat (blocage de l’accès à mes mails professionnels dès avant la résiliation du contrat, accès demandé de façon réitérée de pouvoir accéder à mon bureau afin de récupérer des effets et documents personnels resté infructueux pendant 2 mois, jusqu’à une intervention syndicale).
De façon plus significative, les déclarations et insinuations indiscrètes (par rapport aux règlements RGPD), diffamatoires et calomnieuses exprimées dans la presse sont de nature à me porter un préjudice direct dans ma recherche d’un nouvel emploi. Ils semblent dictés par une envie de nuire, par-delà leur caractère inexact.
Par ailleurs, la désignation récente de mon successeur, M. Christophe VEYS, collègue à Arts2 et ami de la Présidente, publiée le 9 février, a donné lieu à des communications pour le moins surprenantes dans les réseaux sociaux
Mme.LEONI déclare notamment « rêver depuis plus de 6 mois de partager cette désignation.
De fait, le 9 février, cela faisait 5 mois et 9 jours que j’avais quitté le CGII.
Plus de 6 mois auparavant, fin juillet 2021, la machine se mettait en route.
Troublant.
Il me semble que la Ministre de tutelle et le CA du CGII devrait ré-examiner la façon dont cette affaire a été traitée, en faisant fi de principes tels que le droit à la défense, le respect des conditions de travail et de détente, l’écoute de l’ensemble des travailleurs, la transparence des décisions et des motivations.
Certes, le CGII est effectivement une asbl et donc un organisme de droit privé.
Dans ce contexte, rien n’empêche en théorie qu’un.e Président.e ou un CA se débarrassent d’un directeur.rice pour des raisons d’incompatibilité.
A cette différence près qu’en l’occurrence, l’essentiel de ses moyens budgétaires provient d’argent public.
Que la Direction a été, j’ose l’espérer, choisie par l’ensemble du CA (sous une autre Présidence rappelons-le) en fonction de son projet artistique et de son parcours professionnel dans le domaine.
Que la Présidente qui a été nommée à la tête du CA y est arrivée, en tant qu’administratrice et ensuite présidente, certes par son intérêt personnel, mais aussi par cooptation et ex officio, par les mandats politiques qu’elle occupait et occupe toujours.
Au-delà de ma situation personnelle, qui est directement impactée par ce licenciement qui, dans le fond et dans la forme, est qualifié de manifestement déraisonnable et d’abusif par mon organisation syndicale, il me semble essentiel que cette situation symptomatique et non isolée puisse servir à alimenter une réflexion
structurelle, profitable à l’ensemble de l’écosystème artistique en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB).
Car ce licenciement soulève évidemment des questions de gouvernance mais pose également question par rapport au mode de désignation et du cumul des mandats d’administrateurs au sein des CA d’organismes et institutions culturels, subventionnés avec l’argent du citoyen.
Est-il normal qu’une même personne en vertu de son statut de mandataire politique - en l’occurrence, échevine puis députée - se retrouve en situation de quasi-monopole de mandats au sein d’institutions culturelles dans un contexte local donné ?
Ne faudrait-il pas aussi éviter à l‘avenir que des personnes nommées pour représenter au plus haut niveau des institutions ou acteurs culturels puissent se retrouver en situation de conflit d’intérêts potentiels ainsi que cela a été les cas ici ?
Eviter enfin que des CA d’institutions d’envergure et censées représenter la FWB à l’échelon non seulement local régional et international, soient aussi restreints, consanguins et à ancrage local.
Faire en sorte qu’un représentant au moins de la FWB, pouvoir subsidiant majoritaire dans la plupart des cas, comme des professionnels, collectionneurs, experts du domaine élargi des institutions et organismes culturels, soient représentés au CA de ces dernières.
En l’absence de représentant.e de la FWB, principal pouvoir de tutelle du CGII, les décisions du CA du CGII respectent-elles le cadre juridique ou décrétal ?
Ce sont des questions sur lesquelles il serait intéressant que le cabinet de notre Ministre de Tutelle, la Ministre de la Culture de la FWB, puisse se pencher afin d’éviter que des situations semblables puissent se reproduire.
Afin de préserver le rayonnement du travail des artistes et travailleurs de l’art de la Fédération Wallonie-Bruxelles et la mise en valeur nationale et internationale des collections propres à la FWB.
Emmanuel Lambion
février 2022