Bn PROJECTS - Maison GREGOIRE

Adam LEECH : Au-delàde la narration, en deçàdes apparences

« L’Observatoire - maison Grégoire et Bn PROJECTS sont particulièrement heureux de vous présenter la première exposition solo en Belgique du plasticien américain Adam Leech. Dans la continuité de sa participation àla dernière édition de Manifesta et en parallèle àsa participation au Prix Ariane de Rothschild àTour et Taxis, Leech a spécialement conçu pour la Maison Grégoire une installation picturale venant compléter se récente vidéo Speech Bubble (2008). »

La pratique d’Adam Leech s’articule depuis une dizaine d’année dans une exploration conjointe de la peinture et de l’art vidéo, dans une complémentarité d’enjeux et de préoccupations qui s’impose désormais comme étant le fondement même de sa recherche.
 
Les oeuvres d’Adam Leech ne sont tout simplement pas ce qu’elles semblent être. Elles ne représentent, ni ne transmettent ou n’expriment nécessairement pas ce qu’elle paraissent nous suggérer. Traversées de leitmotive thématiques tels que le narcissisme, le désir, la séduction, elles captivent le spectateur dans le flux de leur narration autoréférentielle.

Ses vidéos articulent souvent de façon obsessionnelle un discours compulsif sur la compulsion, une compulsion appréhendée comme une quête, une urgence de se définir et de se re-présenter, encore et encore, en bousculant les codes de la narration.

Dépassant la boucle de ses répétitions, et se nourrissant de ses propres déviations, la narration de Leech est elliptique plus que linéaire ou simplement cyclique. Par ses dérives et décalages, le spectateur se voit empêché d’atteindre une appréhension stable et univoque du récit et de ses protagonistes, dont les identités se dissolvent dans un loop et un collage foisonnant confinant àla schizophrénie.

Les peintures d’Adam Leech pourraient àpremière vue sembler plus homogènes Un examen plus attentif de leur maniera pointilliste stylisée révèle néanmoins de nouveaux paradoxes, dans la mesure même où les taches pointillées qui ponctuent leur surface sont en réalité le résultat d’un processus contrôlé d’abrasion et d’effacement. Et quand on apprend que l’artiste recours dans ce processus àun produit utilisé dans le traitement de la dysphasie, on réalise qu’il y a sans doute làbien plus que de simples coïncidences lexicales. Par cette abrasion, Leech introduit délibérément une discontinuité dans la représentation. Naturellement, le paradoxe, signifiant s’il en est, veut aussi que ce soient précisément ces traces d’effacements qui nous sautent le plus directement aux yeux.

Le point de départ de “Speech bubble†, loop video de 4 min créé pour Manifesta, trouve son origine dans une investigation de la faillite de la société belge de reconnaissance vocale Leernout and Hauspie. Le développement incontrôlé de Lernout and Hauspie, fruit d’une culture d’entreprise reposant sur un cocktail schizophrénique marqué par l’appât du gain, l’utopie technologique et le culte de la personnalité entrepreneuriale, aboutit, on le sait, àl’éclatement d’une véritable bulle spéculative, que l’on vit aujourd’hui àune échelle bien plus globale.

En déplaçant son approche et son analyse du phénomène sur le plan d’un soap-opéra àtrois personnages principaux, Leech fait plus que nous suggérer les analogies troublantes qui peuvent exister entre névroses individuelles et les dérives et autres dysfonctionnements sociétaux.

Speech Bubble rend aussi manifeste d’emblée le lien intrinsèque, la connexion étroite qui existe entre la pratique picturale d’Adam Leech et la discontinuité narrative et temporelle contrôlée de son oeuvre vidéo. En fin de compte, tout se passe comme si Leech voulait nous instiller subtilement la conviction que le sens irréductible d’un discours ou d’une représentation se lovait dans les béances de son organisation narrative ou figurale.

Emmanuel Lambion


du 13 decembre 2008 au 31 janvier 2009

L’Observatoire-Maison Grégoire
292 Dieweg B 1180 Bruxelles
www.maisongregoire.be
observatoiregalerie@hotmail.com


Beyond narratives, Behind the surface

« L’Observatoire Galerie - maison Grégoire and Bn PROJECTS are proud to present the first solo exhibition in Belgium by American artist Adam Leech : further to his participation in Manifesta Süd Tyrol, Adam Leech will present a new series of works, a pictorial installation integrated for this private Brussels mansion, built in 1933 by architect Henry Van de Velde. The exhibition will also display Leech’s recent video Speech Bubble (2008). »

Adam Leech’s practice developed over the past ten years in a combined and intertwined practice of painting and video art.Over the years, this combination has been gaining a decisive strength, which encapsulates the essence of his research.

Adam Leech’s works are just not what they seem to be. They do not necessarily represent, transmit or express what they pretend to narrate. With recurring areas of investigation such as narcissism, desire, seduction, they captivate the onlooker in the flow of their strong seemingly self-referential narratives, which are simultaneously straightforward and absurd.

His videos often articulate, in a compulsive way, a discourse about compulsion, apprehended as an obsessive longing and urge to define oneself, disrupting the normal course of narratives. Neither simply linear nor cyclical, the temporality of his videos is often elliptical, with persisting, if slight, shifts and deviations, which prevent the onlooker from having a definite grasp of the situation. His character(s) dissolve(s) into a schizophrenic loop, identities are fragmented.

Adam Leech paintings may seem, at first sight, more homogeneous : they seem to be painted in adapted, if stylized, pointillist “maniera†. At a closer look, it appears that the approximate dotty patterns, which obliterate the surface of the canvas, are the result of a careful process of painterly erasion. Leech uses a liquid eraser, derived from a product (and this is possibly much more than a lexicological coincidence), employed to treat dysphasia. Creating powerful lines and complicated textures, the erasion device introduces discontinuity in the representation and makes the marks, whilst physically receding into the image, paradoxically pop up to our attention.

“Speech bubble†the 4 min loop video created for Manifesta and shown in this exhibition departed from an investigation on the bankruptcy of the Belgian high-tech speech recognition company Leernout & Hauspie, whose development and corporate culture, resting on a schizophrenic combination of money, technology, utopias and the cult of the entrepreneurial personality led to a (now ubiquitous) market bubble..

In his approach of the phenomenon, transmuted into a semi-soap narrative with three main characters, Leech suggests troubling analogies between individual neurosis and collective societal dysfunctional drifting, the former being as revealingly vain and compulsive as the others.

The video also helps us grasp how intrinsically narrow is the connection is between Leech’s pictorial strategy and the narrative and temporal self–controlled discontinuity of his video works. Whether it be in a visual, painterly fashion or in an articulated, textual form, Leech seems to suggest that the true meaning of a discourse may reside in the very gaps of its narratives and organization.

Emmanuel Lambion


From 13th Dec. 2008 to January 31th 2009

L’Observatoire maison Grégoire
292 Dieweg B 1180 Brussels
www.maisongregoire.be
observatoiregalerie@hotmail.com